Extrait de l'article "Vélocipède" du Grand dictionnaire universel du XIXe siècle (1876), Pierre Larousse.
"Un bon veloceman est aussi à
l'aise sur sa monture qu'un écuyer du cirque sur son cheval favori.
C'est comme un Centaure d'une nouvelle espèce. On en voit qui, sans
crainte de perdre l'équilibre, jonglent des deux mains avec trois ou
quatre balles ; d'autres qui jouent du violon ou de l'accordéon ;
d'autres qui se tiennent debout sur la selle exiguë et même se dressent
les pieds en l'air et les mains appuyées sur la barre du gouvernail,
tandis que le vélocipède continue de rouler par la vitesse acquise.
Un jour, après les luttes
de vitesse, on imagina les courses de lenteur, comme fiche de
consolation pour ceux qui ne parvenaient jamais à décrocher le moindre
prix dans les premières. Il arriva ceci : que ce furent les lauréats de
la vitesse qui gagnèrent encore les prix de lenteur. On croyait avoir
voulu jouer à qui perd gagne, mais l'on s'était aperçu aussitôt qu'il
faut beaucoup plus d'habileté pour conserver l'équilibre avec une allure
de marche solennelle que pour exécuter une course de vent soufflant en
tempête. L'extrême lenteur est la pierre d'achoppement du vélocipédiste ;
elle est en même temps la pierre de touche de son art."
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